LE COMBAT DES CHEFS
Par Aymeric MARCHALLes deux meilleures équipes de la saison, Clermont et Toulouse, se retrouvent en finale du championnat. Entre des Auvergnats qui veulent briser la malédiction des huit finales perdues et des Toulousains qui courent après le titre depuis 2001, l'affiche est passionnante et promet beaucoup.
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La finale du championnat de France oppose donc les deux meilleures équipes de la saison. Toulouse a survolé les débats en début d'exercice, Clermont a pris le relais en deuxième partie de saison, et les deux clubs ont relégué très loin leurs poursuivants (le Stade Français, troisième, a terminé avec 11 points de retard sur Toulouse, 15 sur l'ASM). Leur présence en finale est donc logique et franchement méritée, et le rugby français peut se féliciter d'offrir un épilogue aussi presitigeux à cette saison si particulière, Coupe du monde à la maison oblige. Les deux favoris sont au rendez-vous de la lutte finale, et en profitent pour mettre fin à une hégémonie de six ans du Stade Français et de Biarritz. Ils remettent aussi et surtout au goût du jour le rugby de mouvement, celui là même que prône aussi le staff du XV de France, et prouvent qu'en 2008 on peut encore gagner un match de rugby en se faisant des passes et en marquant des essais (ce sont les deux meilleures attaques).
On attend donc du jeu sur la pelouse du stade de France, des espaces, des relances, du mouvement, des essais aussi bien sûr, bref on attend que les deux finalistes soient aussi brillants qu'ils ont pu l'être si souvent cette saison, notamment lors de leurs deux affrontements, remportés tous les deux par l'ASM (21-17 à Michelin, 23-11 au Stadium). Le problème dans ces matches couperets, comme le dit la formule consacrée, c'est que l'enjeu tue souvent le jeu, et les finales sont souvent assez fermées. Une fois de plus, la pression sur les deux équipes sera énorme, et on comprend qu'elle puisse annihiler quelques envies de zèle. Il suffit de rappeler le contexte pour rappeler que le bout de bois a dû tourner à l'obsession cette semaine. Avec huit finales jouées et huit défaites, l'ASM détient un triste record qui hante les Jaunards depuis près d'un siècle. Tous veulent mettre fin à cette malédiction, un an après un nouveau revers douloureux (23-18 contre le Stade Français, avec un essai encaissé à 3 minutes de la fin du match). Et forcément le spectre d'un neuvième échec a dû travailler les Clermontois, surtout que le Stade Toulousain est la bête noire du club, avec trois victoires en finales (1994, 1999 et 2001). 2001, c'est justement l'année du dernier sacre pour les Rouge et noir, équipe la plus titrée de l'histoire (16). C'est long, beaucoup trop long, même si c'est un comportement de riche comparé au palmarès de leur adversaire.
Clermont légèrement favori
Une finale, ça se gagne. La formule est connue, elle a ainsi été rappelée par Alexandre Audebert, et le flanker clermontois sait de quoi il parle, pour avoir perdu deux titre avec l'ASM. Ce crédo légitime souvent le manque d'ambition dans le jeu, au prétexte que ce n'est pas la manière qui compte, mais le résulat sec. On redoute donc que Toulouse et Clermont se mettent à jouer contre nature pour assurer la victoire. On se trompe sans doute, et la façon dont les deux équipes se sont qualifées en demi-finales montre bien qu'elles n'ont pas l'intention de renier leur philosophie de jeu. Le Stade Français et Perpignan ont été balayés par le mouvement et les relances des Nalaga, Baby, Médard, Jauzion. Les deux équipes sont armées pour continuer à pratiquer ce rugby ambitieux, et peuvent notamment s'appuyer sur un pack solide pour garantir des munitions intéressantes.
Avec quatre-vingt minutes à tenir avant de clore cette saison interminable, il faut espérer que le festival de Cannes promis par les trente acteurs ait bien lieu. L'ASM ne devrait pas renier son plan de jeu: une grosse conquête, l'alternance confiée au duo Mignoni-James, et le talent du triangle Nalaga-Rougerie-Baby pour faire la différence. L'équipe est au complet, et les joueurs sont sans doute plus frais physiquement, grâce notamment aux quinze jours de repos accordés par Vern Cotter à chacun depuis janvier. Meilleure équipe de la saison, plus complet et plus fort mentalement que la saison dernière, Clermont part avec un léger avantage aux pronostics, et l'heure de Clermont est peut-être enfin venue. Toulouse pourrait lui être contraint de revoir ses ambitions à la baisse. Clerc et Poitrenaud sont absents, mais Jean-Baptiste Elissalde, longtemps incertain, est bien aligné dans le XV de départ. Cela permet aussi à Guy Novès de jouer les victimes expiatoires pour critiquer le calendrier, la ligue, la fédération, pour démontrer que Toulouse n'a pas la moindre chance contre la machine clermontoire. Bref du Guy Novès, et on se demande si tout ça n'est pas un coup de bluff. Même sans ouvreur, Toulouse possède en tout cas de solides arguments, notamment sa formidable expérience des finales, un mois après avoir perdu celle de la Coupe d'Europe. Le match se jouera donc sur des détails. Sur la capacité à exploiter les ballons de récupération. Sur la faculté à assurer une bonne conquête pour avoir de bons ballons à jouer. Sur le réalisme aussi, surtout. Pourvu qu'on ne soit pas déçu.
Source :
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