La Voix du Nord - 10/05/2007
LYON - LENS Le Racing, aux abonnés absents, coule à pic à Gerland
Les Lensois n’ont pas existé au stade de Gerland. Faibles, très faibles, et donc vulnérables, ils ont subi la loi d’un Olympique lyonnais retrouvé.
Une fausse note de plus à l’extérieur qui ne compromet certes rien mais constitue tout de même un rude coup d’arrêt à deux étapes de la fin.
À LYON, PAR PIERRE DIÉVAL
Compte tenu de l’urgence de la situation et des obligations qui incombent à un club engagé dans un vaste défi européen, la lourde défaite concédée hier soir par les Lensois fait bien sûr désordre. Elle cible tout à la fois l’indigence artésienne quand il s’agit d’exporter son savoir, les faiblesses morales d’un groupe aux sautes d’humeur désarmantes et un manque d’ambition incompréhensible. Très vite fragilisés (en une mi-temps) par trois buts qui ne devaient rien au hasard et surtout par une incapacité rédhibitoire à gérer le jeu et le temps, Seydou Keita et ses partenaires errèrent dans ce match plus qu’ils ne jouèrent. Une redoutable transparence en partie atténuée par l’incroyable échec de Bordeaux. Mais le Racing n’a pas soigné sa crédibilité entre Rhône et Saône. Ça méritait d’être dit.
Déséquilibres
Quand Sidney Govou s’en alla perforer la garde lensoise, l’évidence s’était déjà imposée naturellement. Et dès lors, ce ne fut pas vraiment une surprise de voir le match onduler favorablement pour un OL surpuissant. En rencontrant successivement un poteau, puis une barre sur leur route, et en se procurant au passage une autre occasion royale par Juninho, les Lyonnais avaient en fait très vite anesthésié le ballon.
Il y avait, dans le jeu des champions de France, des accents d’automne, période durant laquelle ils avaient surfé sur une vague haute. Que pouvaient faire les hommes de Francis Gillot sans solutions fiables de nature à leur permettre simplement d’exister ? La réponse coulait de source, hélas, et la deuxième flèche de la soirée ne fit que confirmer la cruelle impuissance artésienne, le binôme Benzema - Juninho affichant de nouveau toute sa force (2-0, 38e ).
L’équipe la plus fluide, la plus talentueuse avait logiquement imposé ses vues. Mais ce constat abrupt n’exonérait pas Lens de reproches, d’autant plus justifiés que rien, vraiment rien dans ses mouvements n’avait traduit une vraie envie, une vraie cohérence.
À partir de là, le troisième but, acquis sur un penalty de Diarra mais aussi sur un déséquilibre antérieur (un de plus) sonna comme une autre évidence douloureuse (3-0e, 45e). Lyon était fort mais le Racing n’était pas là.
De son jeu monocorde et sans vie n’étaient sorties que de féroces approximations indignes d’un prétendant à un rôle majeur et révélatrices d’une fragilité mentale terriblement préjudiciable dont on n’arrive toujours pas à cerner la cause exacte. Et le pire, c’est que la gifle ne sembla pas émouvoir plus que ça les Lensois puisque Benzema, au terme d’un mouvement d’école, flirta encore avec la réussite (55e) avant qu’un centre de Clerc ne déstabilise leur arrière-garde (63e).
Naviguant à la boussole, ils ne pesaient toujours pas sur des débats de toute façon parfaitement maîtrisés par Lyon dont les deux occasions finales (Malouda, 79e) et Toulalan (87e) synthétisèrent une fois de plus toutes les qualités individuelles et collectives.